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Tchernobyl
Titulaire d'un DEA en anthropologie et d'une licence de russe, le Parisien Noak CARRAU a un père russe une mère française. Un «background» qui lui permet de vivre grâce à ses reportages ; il est, ou a été, pigiste pour Science et Nature, Géo, Ca m'intéresse, L'humanité dimanche ou Peuple du Monde. « je me sens journaliste avant tout », nous confiait-il tout en préparant l'accrochage, dans la grande salle d'exposition de la maison Beaulieu.
Noak CARRAU s'intéresse depuis toujours, aux sciences. « Notamment à la manière dont sont représentés les chercheurs, mais aussi l'invisible, l'infiniment petit » (la biotechnique, la nanotechnologie, etc.). Il a ainsi travaillé pour l'Institut Curie et l'Institut de Radioprotection et Sûreté Nucléaire (IRSN). C'est grâce à sa proximité avec ce monde des chercheurs, et sa pratique de la langue russe qu'il a pu faire, en 2009, ce voyage à Tchernobyl, en Ukraine.
« En n'arrivant sur place, j'ai pensé à Pompéi. On imagine qu'ici aussi, tout s'est arrêté instantanément. Et puis, le secteur ressemble tellement à n'importe quelle banlieue de chez nous… ». Après une semaine passée au pied du réacteur et dans la ville la plus proche, Pripyat, le franco-russe a pu sortir un reportage aux « angles » très personnels : l'exposition est bâtie comme une série de douze diptyques, avec d'un côté le drame post-Tchernobyl, de l'autre, la vie qui continue dans une ville
semblable, mais à 300 km, à Kourtchatov. Toute la ville dépend d'une centrale RBMK, la même que celle de Tchernobyl. « Là, j'ai montré la vie à l'ombre d'une centrale », détaille le photo-journaliste.
Dix autres photos ont été prises à Novozybkov, à 150 km de là. « Novozybkov est une autre ville qui est en zone contaminée, et où vivent 45 000 personnes qui n'ont jamais été évacuées. C'est là que j'ai accompagné un groupe de chercheurs mixte ,l'IRSN/médecins russes, qui étudie la santé des enfants (ils sont 18 000) dans cette zone contaminée ». Son travail, Noak CARRAU le voit « comme une sorte de parabole de la situation de l'ex Union Soviétique. Vous voyez ces photos… Eh bien, c'est la Russie tout entière qui apparaît blessée psychologiquement et économiquement. Les richesses sont accaparées par une poignée de gens ; une grande partie de la population est totalement démunie, surtout loin de Moscou et de Saint Pétersbourg ».
On reste interdit devant les autos tamponneuses rouillées au milieu de la végétation ; l'instrument de musique qui semble s'être arrêté en plein concerto ; le vieux couple qui réside, seul dans la ville morte de Pripyat. Mais Noak CARRAU s'est attaché aussi à montrer les marchés bien achalandés de Kourtchatov, les gens qui dansent, insouciants et toutes générations confondues. La vie, quoi.

Par Isabelle ELLENDER.

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